Les critères ESG sont de plus en plus intégrés comme des données extra financières essentielles à la sélection des produits d’investissement. Après avoir passé le cap du questionnement sur la performance des produits financiers durables, l’ESG est à présent passée en première position des critères de contrôle de risques financiers.
La méthodologie à initialement été implantée pour éviter aux investisseurs de souffrir de risques causés par la mauvaise gouvernance de sociétés publiques (dont la première pierre a été posée par le célèbre Cadbury Report), ce qui n’a pas empêché des scandales financiers retentissants dans l’histoire de la finance.
Citons entre autres le cas Robert Maxwell en 1992, celui de Parmalat en 2003, ou plus récemment l’affaire édifiante du « gourou » de la Tech , Marcus Braun qui mérite une brève parenthèse…
Dans les années 50-60, Selznick avait très judicieusement différencié l’entreprise de l’institution. Tandis que l’entreprise a pour simple but d’achever une tache, l’institution confie à son leader la fonction « de donner un but, une raison d’être et des valeurs au groupe ». La notion d’influence sous-jacente devient alors une construction d’une vision commune et au “transfert idéalisant qui lie le groupe à son leader “.
Ainsi pourrait-on se demander si cette falsification des comptes de Wirecard, n’était pas la matérialisation d’un désir inconscient de succès du groupe que son leader déchu, Marcus Braun ne voulait pas décevoir.
De retour aux critères ESG, l’urgence climatique amène de plus en plus les investisseurs à se questionner à égale mesure sur les aspects sociaux et environnementaux de l’ESG.
Des organisations comme le Carbone Disclosure Project (CDP), le World Ressources Institute (WRI), et bien d’autres s’attèlent activement à atteindre l’objectif d’atténuation de l’empreinte carbone en vue de réduire le changement climatique, comme proposé par l’accord de Paris conclu en 2015
Les émissions carbone sont des intrants décisifs de la finance durable et sans doute l’un des plus complexes à évaluer, surtout pour les longues chaines de production.
L’industrie financière se fie en général à l’empreinte carbone consistant à mesurer les émissions directes générées par les entreprises (“scope1 “), ainsi que les émissions indirectes notamment liées à l’électricité achetée (“scope 2”). En revanche, la complexité de quantifier et de mesurer l’impact des émissions indirectes provenant de toute la chaine de valeur (“scope 3” ) rend parfois cette analyse incomplète.
DNB AM a lancé un projet de calcul disruptif qui consiste non pas à calculer les émissions de carbone générées, mais les émissions « évitées » et ainsi de démontrer la quantité d’émissions évitées pour chaque million d’euros investi.
Ce travail est un partenariat réalisé entre la banque norvégienne DNB AM et l’expert de l’ESG – ISS ESG – qui a permis de calculer et d’analyser le portefeuille de son fonds DNB Renewable Energy
Ce travail établit “les émissions qui auraient été libérées si une action ou une intervention particulière n’avait pas eu lieu” et peuvent apparaître tout au long de la chaîne de valeur.
Le résultat de l’analyse montre des émissions évitées de plus de 2.800 tonnes de CO2 par million d’euros, soit cinq fois plus que l’empreinte carbone du fonds, ou l’équivalent de 1.819 voitures de moins sur la route pendant un an. L’étude mesure également l’impact sur plusieurs des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Parmi les secteurs du portefeuille ressortant comme les meilleurs contributeurs aux émissions évitées, apparaît sans surprise les secteurs éolien et solaire.
Quelque peu surprenant, c’est le secteur des matériaux qui arrive en deuxième position. Jusqu’à présent, ce secteur n’a pas bénéficié de la même “aura ESG” que d’autres secteurs, notamment en raison de l’intensité carbone de la production de matériaux, or comme le souligne Christian Rom, gérant du fonds, “les matériaux produits par certaines entreprises sont essentiels pour la transition énergétique. Le secteur est également fondamental en termes de contribution à une utilisation efficace des ressources et à l’économie circulaire”
Article: Joana Foglia – Sources: DNB AM, Selznick, Lacan, UN, CDP