À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, l’lnstitut Français des Administrateurs (IFA) et Ethics & Boards se sont penchés pour la deuxième année consécutive sur les chiffres de la mixité au sein des conseils d’administration et des comex/codir des pays occidentaux.
Féminisation des instances dirigeantes
Premier enseignement du Baromètre 2023 Ethics & Boards – IFA, 46,4% de femmes siègent aux conseils d’administration des sociétés du CAC 40 et 46,3% au sein du SBF 120. Ces chiffres, en progression par rapport à 2022, témoignent non seulement d’un environnement réglementaire toujours plus exigeant – les lois Copé-Zimmermann (2011) et Rixain (2021) emmenant progressivement les sociétés françaises à une meilleure répartition femmes-hommes des postes de direction – mais aussi de l’importance croissante accordée par les entreprises aux critères de performance extra-financiers.
Féminisation des instances dirigeantes
Rappel des objectifs de la loi Rixain
L’article 14 de la loi n° 2021-1774 du 24 décembre 2021 visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle crée une obligation de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes des grandes entreprises, accompagnée d’une obligation de transparence en la matière. Ces obligations concernent toutes les entreprises d’au moins 1 000 salariés pour le troisième exercice consécutif.
À compter du 1er mars 2022 : publier annuellement les écarts éventuels de représentation entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes. Ces informations seront rendues publiques sur le site du ministère du Travail, à partir du 1er mars 2023.
À compter du 1er mars 2026 : atteindre un objectif d’au moins 30% de femmes et d’hommes cadres dirigeants et d’au moins 30% de femmes et d’hommes membres d’instances dirigeantes.
- Dans le cas où ces objectifs ne sont pas atteints, l’entreprise concernée doit définir des mesures adéquates et pertinentes de correction.
À compter du 1er mars 2029 : les objectifs chiffrés passent de 30% à 40%.
- Dans le cas où ces objectifs ne sont pas atteints, l’entreprise concernée dispose d’un délai de deux ans pour se mettre en conformité, et doit, au bout d’un an, publier des objectifs de progression et les mesures de correction retenues. Si à l’expiration de ce délai, les objectifs ne sont toujours pas atteints, l’employeur encourt une pénalité financière, d’un montant maximum de 1% des rémunérations et gains.
Féminisation des instances dirigeantes
La mixité en hausse au sein des entreprises françaises du SBF 120
Avec 46,3% d’administratrices siégeant dans les conseils des sociétés du SBF 120, la France devance ses voisins anglo-saxons et européens en termes de mixité des conseils.
Elle devance les Pays-Bas, l’Italie, le Royaume-Uni et le Danemark dans lesquels plus de 40% de femmes siègent dans les conseils d’administration et se situe loin devant l’Allemagne et les Etats-Unis où les taux de mixité ne dépassent pas 35 %.
26,4% de femmes sont désormais membres des Comex des sociétés du SBF 120, soit 2 points de plus qu’en 2022 et 10 points de plus qu’en 2017.
Cette nouvelle progression place la France à quasi égalité avec les Etats-Unis, où la proportion de féminisation des comex atteint 26,6%, et devant des pays européens tels que l’Allemagne (18,9%), l’Espagne (18,7%) ou l’Italie (13,3%). Elle reste toutefois devancée par les pays nordiques, en particulier la Norvège, en tête du classement avec un taux de mixité des comex dépassant 30%, la Suède (28,2%) et la Finlande (27,6%).
12 conseils d’administration du SBF 120 sont présidés par une femme, soit un de plus qu’en 2022.
Alors qu’en Angleterre 19 femmes sont présidentes de conseils des sociétés du FTSE 100, la France en compte désormais 12 (10%), proche des États-Unis avec 11 présidentes de conseil dans le S&P 100 et très loin devant l’Allemagne qui en dénombre 5 dans le HDAX. En 2010, on ne dénombrait que 2 femmes à la présidence des conseils de sociétés du SBF 120.
13 femmes siègent par ailleurs à la tête d’une société du SBF 120, contre 10 en mars 2021 et seulement 5 en 2017. Un chiffre qui ne suffit pas à combler l’écart encore flagrant entre hommes et femmes à ces postes de direction, mais qui place la France en tête des pays étudiés. Seules 10 femmes dirigent une société du S&P 100 aux États-Unis, 9 du FTSE 100 en Angleterre et 3 du HDAX en Allemagne.
Féminisation des instances dirigeantes
Des entreprises du CAC 40 elles aussi plus paritaires
37,5 % des comex/codir des entreprises du CAC 40 ont à ce jour atteint ou dépassé le premier seuil de la loi Rixain imposant un taux de mixité minimum de 30% en 2026. Mais 27,5% d’entre eux comptent toujours moins de 20 % de femmes.
Concernant le SBF 120, 40,8% des entreprises sont déjà mises en conformité avec la loi Rixain. 14,1% d’entre elles ont même dépassé les 40% de taux de mixité. Ces dernières sont dès à présent conformes avec le 2ème seuil de la loi Rixain avec six ans d’avance sur l’échéance de 2029.
“Ces chiffres témoignent d’une évolution forte dans la stratégie des entreprises. Ces dernières années, elles sont passées d’une position défensive à une stratégie proactive faisant de la mixité, notamment, un vecteur de bonne gouvernance et de performance au sein de leur organisation. L’IFA ne peut que s’en réjouir même si, on le sait, beaucoup reste à accomplir avant de parvenir à la parité.”
Guylaine DYEVRE, Vice-présidente de l’IFA
« 40% des entreprises du SBF 120 sont en mars 2023 en conformité avec le premier seuil de la loi Rixain (>= à 30% du taux de mixité du Comex/Codir). En revanche, seulement 11% des CEO du SBF 120 sont des femmes. La féminisation des Comex/Codir devra permettre l’augmentation du nombre de femmes en charge de fonctions P&L »
Floriane de Saint Pierre, présidente fondatrice d’Ethics & Boards
Féminisation des instances dirigeantes
Source: Baromètre 2023 Ethics & Boards – IFA