Créé sous l’impulsion du Souverain, en partenariat avec le Gouvernement, le fonds dédié Monaco Eco+ est un fonds de conviction avec une vision environnementale, sur lequel Eric Tournier, Directeur – Fund Manager à la CMG, a travaillé depuis fin 2005 et dont l’objectif est d’allier durabilité et performances financières.

Plus exactement, le fonds Monaco Eco+ a pour vocation de générer de la performance en sélectionnant des sociétés ayant une trajectoire durable, notamment dans les secteurs de l’industrie, des utilities, de l’IT et de la gestion des ressources. 

Est-ce qu’un fonds durable peut surperformer le marché et battre les grands indices tout en réduisant la volatilité ?

Le fonds Monaco Eco+ investit sur des niches industrielles de croissance. Il a montré sa capacité à surperformer les indices mondiaux depuis son lancement et s’est particulièrement illustré au début des années 2010 dans la phase de rebond post-crise financière mais également au cours des 5 dernières années.

Le fonds était initialement positionné plutôt sur des sociétés mixtes Small Cap (1-10 milliards) qui sont devenues, avec le temps, des Mid/Large Cap (5-20 milliards). Aujourd’hui, les Large Cap représentent 62% du portefeuille et les Mid Small Cap 38%. Selon les périodes, un des moteurs de la performance du fonds a pu être l’activité M&A sur les entreprises détenues. Toutefois, cet aspect a été beaucoup moins en vue dernièrement.

Afin de contrôler la volatilité du portefeuille, une stratégie de diversification des sociétés (réduction du risque idiosyncratique) a été mise en place dès l’origine permettant à la fois d’ancrer le fonds dans des thématiques durables, tout en générant de la performance. 24% du fonds est actuellement investi dans les énergies renouvelables (dont 12% sur le sous-segment solaire), un secteur qui s’est avéré peu performant en 2022 en termes de rendement/volatilité mais qui constitue un réservoir de croissance significatif pour le futur.

Notre modèle de gestion s’appuie sur une méthodologie interne dont la robustesse a été éprouvée à travers nos années d’expérience de gestion du portefeuille et que nous nommons « Fortress Balance Sheet ». Il consiste, en amont de la sélection des titres, à s’assurer que l’entreprise, quelle que soit sa taille et l’expérience de son management, sera capable de traverser les cycles économiques et, par conséquent, en mesure de générer des cash-flows positifs. Les entreprises spécialisées dans le solaire ou la transition électrique peuvent, de fait, produire un cashflow positif.

Quelle méthodologie ESG appliquez vous ?

Nous créons notre propre analyse financière et extra-financière. L’ESG n’est pas une activité à part, c’est un point de vue. Nous accumulons des données pour analyser les sociétés et nous fions, en priorité, à la trajectoire de l’entreprise.

De la même manière que nous regardons si l’entreprise va avoir (ou non) de solides revenus, concernant spécifiquement les aspects ESG, nous établissons des prévisions, avec de la conviction, mais sans certitudes.

Comme outils, notre département utilise des fournisseurs de données tels que Bloomberg, MorningStar, Sustainalytics et nous travaillons également en étroite collaboration avec les sociétés de gestion du Groupe Mediobanca qui a recours à d’autres base de données.

La partie trajectoire est une notion très importante pour le fonds Monaco Eco+ dans la sélection des actifs. Notre valeur ajoutée provient de la gestion de portefeuille et, donc, de la cohérence dans la structuration des investissements par rapport à nos convictions. A ce jour, le portefeuille est constitué de 89 actifs, dont 10 représentent 24% du fonds, et 20 autres 43% du fonds.

Nous nous attachons à rapporter à nos clients le principe de Do Not Significant Harm – DNSH sur l’utilisation durable des ressources aquatiques et marines (s’établissant en février, sur la base des données disponibles à ce jour, à 32%), la restauration de la biodiversité et des écosystèmes (25%). En termes d’intensité carbone, le fonds est sur des niveaux de 360 (CO2 emissions intensity per sale) avec, sans surprise, comme principal contributeur le secteur des Utilities.

Quelles exclusions pour le fonds Monaco Eco+ ?

Nous avons des critères d’exclusions internes au sein du Groupe, mais il en existe également des plus spécifiques à ce fonds. Sur la partie température du fonds – estimée à 2.6°C, il est très difficile pour nous de recueillir des données tangibles de la part d’entreprises, surtout aux Etats Unis, qui représentent environ 55% de la zone géographique d’investissements du fonds. A ce jour, il demeure plus adapté de s’engager avec des sociétés qui s’inscrivent dans une démarche « best-effort », avec un réel engagement de progresser.

Nous regardons tous les secteurs de l’industrie (chimie, cimentiers, énergies) à partir du moment où il nous semble qu’une démarche robuste d’amélioration d’impact est en place, mais chaque fois, la performance du fonds doit être en accord avec une trajectoire durable. Selon nous, il faut du sens financier et proposer avant tout à nos clients de la performance.

Point Macroéconomique

Les perspectives de croissance sur la thématique environnementale, et les énergies renouvelables en particulier, nous paraissent toujours attractives. Ainsi, par exemple, la Commission Européenne vient de proposer une refonte des règles du marché européen de l’électricité. La fixation des prix à long terme sera favorisée afin de protéger les consommateurs et les entreprises. Le passage aux énergies renouvelables doit être accéléré.

Néanmoins, à court terme, les marchés actions font face à une forte volatilité à la suite d’une faillite bancaire aux Etats-Unis et aux risques de contagion que ce défaut a créé. Ceci est dû au fait que les modèles économiques des banques reposent sur la confiance et, quand celle-ci disparaît, elles font faillite. Du point de vue du marché, il ne s’agit pas seulement du risque sectoriel bancaire. Le comportement des banques détermine le multiplicateur de crédit et exerce donc une forte influence sur l’économie réelle.  Une conclusion qui semble assez certaine est que les coûts de financement des banques, notamment américaines, vont augmenter. Cela implique que le coût et la disponibilité du crédit seront affectés de manière négative freinant les développements des sociétés de croissance.

En pratique, l’économie américaine se trouve à la fin d’un cycle de resserrement monétaire agressif et donc la croissance économique est aujourd’hui la principale préoccupation des investisseurs en actions.

Au niveau des taux, il y a de fortes chances que la Fed considère le contexte actuel comme un net resserrement des conditions financières et qu’elle modifie la trajectoire prévue de sa politique. Pour autant, l’inflexion à la baisse de la courbe des rendements n’est pas en soi un facteur positif pour les actions à ce stade. La baisse des taux n’apportera un soutien durable aux actions que si les investisseurs sont convaincus que la Fed a l’intention de prendre de l’avance et de mener une politique nettement plus souple pour contrer le resserrement des conditions financières induit par le secteur bancaire. Or, il est difficile de mener une politique aussi agressive alors que l’inflation reste élevée.

Même si la volatilité demeurera élevée à court terme, effaçant les performances positives de ce début d’année, à moyen terme, une fois ce risque inattendu surmonté, les perspectives de croissance de profits sur la thématique environnementale restent supérieures à celles du marché dans son ensemble. Les fonds thématiques tels que Monaco Eco+ ont une duration longue et il est toujours judicieux pour l’investisseur de se positionner sur ces solutions financières dans des phases de crise qui offrent des points d’entrée remarquablement attractifs sur des actifs à fort potentiel.

Article: Joana Foglia; Eric Tournier