Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié en mars un « rapport de synthèse », qui regroupe les connaissances scientifiques acquises entre 2015 et 2021. 

La lenteur du monde à agir pour s’attaquer à la crise climatique est en train de miner nos chances de limiter le réchauffement à un seuil viable, ont mis en garde lundi les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un nouveau rapport, relevant que seule « une action climatique urgente peut garantir un avenir vivable pour tous ». Selon le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, cette synthèse est un « guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement climatique » à destination des décideurs et décideuses politiques.

Quatre informations indispensables sont à retenir. 

Les activités humaines bouleversent le climat à une ampleur inédite 

Sans équivoque, les activités humaines sont les principales responsables du réchauffement de la planète. Celui-ci est dû aux émissions de gaz à effet de serre, dont près de 80% sont liées à l’énergie. Le reste est dû à l’agriculture et la déforestation. La concentration de CO2 dans l’atmosphère est au plus haut depuis au moins deux millions d’années. 

À ce jour, le climat s’est déjà réchauffé de 1,09°C par rapport à la période 1850-1900. Selon les accords de Paris (COP21), il est nécessaire de rester en dessous des 1,5°C pour limiter au maximum les conséquences de ce dérèglement. Or, au vu de la trajectoire actuelle, le réchauffement devrait atteindre 1,5 degrés autour de 2030/2035. 

« Le taux d’augmentation de la température au cours du dernier demi-siècle est le plus élevé depuis 2.000 ans. Les concentrations de dioxyde de carbone n’ont jamais été aussi élevées depuis au moins deux millions d’années. La bombe à retardement du climat fait tic-tac »

António Guterres, Secrétaire général de l’ONU

bombe à retardement climatique

Le dérèglement climatique accentue les catastrophes naturelles 

L’augmentation des températures globales participe à l’accentuation et à la multiplication  des épisodes extrêmes que ce soit des vagues de chaleur, des fortes inondations, des sécheresses ou encore des vagues de froid polaire, le climat se retrouve complètement déréglé. 

Le changement climatique provoque déjà des dégâts importants dans plusieurs régions du monde. On estime que le niveau de l’océan s’est élevé de 20 centimètres, lié à la fonte des glaces, et que la hausse des températures a fait disparaître des centaines d’espèces animales et végétales. Ces phénomènes vont également s’accélérer. 

Près de la moitié de la population mondiale est gravement menacée

Actuellement, entre 3,3 et 3,6 milliards d’êtres humains vivent dans une situation de « forte vulnérabilité » face au climat. Alors que la fréquence et l’intensité des épisodes extrêmes vont augmenter, les populations les plus touchées sont les populations les moins responsables du changement climatique, c’est-à-dire les plus pauvres. 

La priorité doit ainsi être donnée à des modes de développement humain résilients, incluant justice climatique et justice sociale. 

bombe à retardement climatique

Les solutions existent, il ne manque que la volonté politique 

Cette synthèse de rapport souhaite rester optimiste en constatant que les solutions existent et peuvent s’appliquer dès aujourd’hui, si les responsables politiques en prennent la mesure. 

Les chercheurs sont unanimes pour dire qu’il y a une nécessité de réduire drastiquement l’usage des énergies fossiles. Pour atteindre les objectifs définis, aucun nouveau projet pétrolier ne doit voir le jour.

L’ONU propose un programme d’accélération qui mise sur la fin de tout financement international public et privé du charbon et appelle la communauté internationale à arrêter toute expansion des réserves existantes de pétrole et de gaz, en réorientant les subventions accordées aux combustibles fossiles vers une transition énergétique équitable.

« Cesser d’octroyer des licences ou de financer de nouvelles exploitations de pétrole et de gaz, conformément aux conclusions de l’Agence internationale de l’énergie. »

António Guterres, Secrétaire général de l’ONU

Et pour y arriver, l’ONU veut la mise en place d’une réduction progressive de la production de pétrole et de gaz à l’échelle mondiale, compatible avec l’objectif de zéro émission nette en 2050. Ce qui conduira naturellement à garantir une production nette d’électricité nulle d’ici 2035 pour tous les pays développés et 2040 pour le reste du monde. A ce sujet, il appelle également les patrons de toutes les compagnies pétrolières et gazières à faire partie de la solution. 

Plus globalement, tous ces nouveaux plans climatiques doivent refléter l’accélération dont la planète a «besoin aujourd’hui, au cours de cette décennie et de la suivante ». Cette feuille de route sera débattue lors du sommet sur l’ambition climatique qui se tiendra en septembre prochain à New York. 

« Nous n’avons jamais été aussi bien équipés pour relever le défi climatique, mais nous devons dès maintenant passer à la vitesse supérieure en matière d’action climatique, nous n’avons pas un instant à perdre ».

António Guterres, Secrétaire général de l’ONU

D’autres solutions concernent la protection des forêts et la reforestation, l’adaptation des villes ou encore l’agroécologie sont également abordées. Pour ce faire, plus de fonds doivent être alloués par les Etats.  Car pour favoriser le développement durable, le GIEC penche pour un accroissement du financement des investissements. A ce sujet, les gouvernement, les investisseurs, les banques centrales et les régulateurs financiers peuvent jouer leur rôle. Mais le rapport souligne que les mesures prises actuellement sont insuffisantes et que tous les secteurs doivent se transformer. 

bombe à retardement climatique

Source: ONU