Goldman Sachs Asset Management, une partie de Goldman Sachs Group (GS), a lancé Verdalia Bioenergy, une nouvelle entreprise axée sur le développement, l’achat, la construction et l’exploitation d’usines de biométhane à travers l’Europe, par le biais de son activité d’investissement en infrastructure.
biométhane en Europe
Avec l’intention de devenir un opérateur de biométhane, Verdalia Bioenergy investira plus d’un milliard d’euros en Europe (1,08 milliard) au cours des quatre prochaines années. Elle se concentrera sur « le développement, l’acquisition, la construction et l’exploitation d’usines de biométhane » sur tout le continent, en investissant à la fois dans des projets en phase de développement initial – early stage – et dans des actifs d’exploitation plus importants – en phase d’exit.
La société a déjà scellé son premier accord pour acquérir un portefeuille de projets de biométhane en développement en Espagne de 150 gigawattheures (GWh) par an.
“Nous pensons que le biométhane est aujourd’hui l’un des segments les plus convaincants de la transition énergétique pour les investisseurs dans les infrastructures”
Matteo Botto Poala, directeur général de l’activité infrastructures de GSAM.
L’énergie renouvelable n’est pas un terrain inconnu pour le groupe américain, qui s’était positionné dès 2012 sur l’énergie renouvelable avec le groupe Japan Renewable Energy Co Ltd, aujourd’hui l’un des plus grands noms japonais dans le domaine des énergies renouvelables.
« Le marché européen du biométhane connaît un changement structurel similaire [à la décennie précédente] porté par les fortes tendances de la décarbonation, de l’économie circulaire et de l’indépendance énergétique »
Fernando Bergasa, Président exécutif de Verdalia Bioenergy
Un marché fortement porté par les objectifs de décarbonation de l’Europe. En effet en mars 2022, la Commission européenne a annoncé l’objectif de produire 35 milliards de mètres cubes (bcm) de biométhane en Europe d’ici 2030 dans le cadre du plan REPowerEU. Cette augmentation de la production de biométhane visant à réduire la dépendance de l’UE aux importations de gaz naturel ainsi qu’à accélérer considérablement la réalisation des objectifs climatiques.
Fin 2021, on dénombrait plus de 1000 unités de production de biométhane dans les principaux pays européens producteurs. Parmi ces sites en exploitation, 90% injectaient leur biométhane dans le réseau de gaz naturel, avec une capacité totale d’épuration du biogaz de 855 000 Nm³/h, soit 38 TWh de biométhane une fois le biogaz épuré, et un volume de 30 TWh de biométhane.
Les pays européens producteurs de biométhane avaient donc atteint fin 2021, 10% de l’objectif de 370 térawattheures par an (TWh) d’ici 2030, pour accélérer la décarbonisation et renforcer la sécurité énergétique.
Or, le potentiel d’augmentation de la production de biométhane est considérable, car en plus des nouvelles installations, seulement 5% des unités de biogaz dans l’UE sont équipées d’une unité d’épuration du biogaz, nécessaire pour produire du biométhane. D’après Goldman Sachs Asset Management, se sont “80 milliards d’euros d’investissements nécessaires pour décupler la production européenne de biogaz et de biométhane.“
Un positionnement du groupe qui va également dans le sens des nouvelles règlementations européennes qui se multiplient en faveur du recyclage des déchets. Désormais les pays de l’UE sont tenus de réutiliser et de recycler au moins 55% de leurs déchets municipaux d’ici 2025, 60 % d’ici 2030 et 65 % d’ici 2035. La filière biogaz contribue déjà à atteindre cet objectif en produisant de l’énergie renouvelable à partir des biodéchets locaux collectés. Selon le rapport statistique 2022 de l’Association Européenne du Biogaz – EBA, les déchets solides municipaux organiques sont la 2ème plus grande source de production de biométhane en Europe. Les bioplastiques biodégradables pourraient eux représenter 8 à 10% des déchets solides municipaux organiques dans les années à venir.
La France, quant à elle, s’apprête à devenir le leader du biogaz en Europe devant l’Allemagne. La filière, qui existe depuis dix ans, voit le nombre de sites méthaniers raccordés au réseau de gaz doubler chaque année. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les surprofits des producteurs d’énergie renouvelable vont rapporter à l’État plus de 30 milliards d’euros sur deux ans.
La production de biogaz et de biométhane a déjà créé 210 000 emplois verts en Europe et économise 60 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an, selon l’Association européenne du biogaz.

En créant Verdalia, Goldman Sachs se positionne pour faire de l’entreprise un acteur européen de premier plan dans l’industrie du gaz biométhane.
« Le gaz renouvelable sera un outil clé pour que l’Europe tienne son engagement d’être neutre en carbone d’ici 2050. Verdalia aspire à devenir un opérateur de biométhane de premier plan, en commençant par l’Espagne et en s’étendant ensuite dans toute l’Europe. »
Fernando Bergasa, Président exécutif de Verdalia Bioenergy
biométhane en Europe
Article Joana Foglia
- https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921344922005274?dgcid=author
- EBA, GSAM, SIA
En savoir plus sur les intrants et techniques de transformation du biométhane
La majorité des installations de biogaz européennes sont alimentées par des résidus agricoles, des cultures énergétiques et des déchets organiques. Les résidus agricoles, incluant le fumier, les résidus de culture et les cultures intermédiaires à vocations énergétiques, représentent 38 % des matières premières utilisées et constituent un moyen prometteur de réduire les émissions de méthane provenant de l’agriculture, à l’origine de plus de la moitié des émissions de méthane de l’Union Européenne. Les cultures énergétiques dédiées, principalement utilisées en Allemagne et au Royaume-Uni, représentent encore 31 % des matières premières. Ces cultures énergétiques cultivées uniquement pour la production de biocarburants ou de biogaz sont peu coûteuses et nécessitent peu d’entretien. Malgré des avantages environnementaux par rapport aux combustibles fossiles, ces intrants présentent également un risque de durabilité : concurrence avec les cultures alimentaires, pollution de l’eau et de l’air, perte de qualité des sols, renforcement de l’érosion et réduction de la biodiversité.
Une étude récente intitulée “La digestion anaérobie des déchets organiques permet de récupérer de l’énergie et d’améliorer la dégradation ultérieure des bioplastiques dans le sol 1” illustre que le traitement des bioplastiques par digestion anaérobie contribue à prévenir l’accumulation de bioplastiques et à réduire leur fuite dans l’environnement. Les chercheurs de l’Université de Milan qui ont réalisé ce travail indiquent que le bioplastique résiduel restant dans le digestat, coproduit de la production de biogaz utilisé comme engrais organique, ne s’accumule pas dans les sols. Les chiffres montrent que les bioplastiques se dégradent entre 50% et 70% dans le sol après 120 jours, et sont entièrement biodégradables en moins de deux ans. Ce digestat peut donc être utilisé comme engrais dans les sols agricoles sans risques écologiques. De plus, la dégradation des bioplastiques via la digestion anaérobie contribue également à la valorisation énergétique des déchets en produisant de l’énergie renouvelable pour les ménages et l’industrie.
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