Munich Re et Zurich ont successivement annoncé leur retrait de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA), un dernier coup porté à la Glasgow Financial Alliance for Net-Zero (GFANZ).
La Net-Zero Insurance Alliance (NZIA) est un groupe constitué des principaux assureurs et réassureurs mondiaux qui se sont engagés à faire passer leurs portefeuilles de souscription d’assurance et de réassurance à des émissions de gaz à effet de serre neutres d’ici 2050, en accord avec un alignement de la température de 1,5 °C. Lancée lors du sommet sur le climat lors de la COP26 en 2021, elle a regroupé jusqu’à 30 assureurs et réassureurs.
Elle est l’une des sept alliances formées sous l’égide de GFANZ, créée par Michael Bloomberg et Mark Carney pour accélérer la décarbonisation de l’économie.
Les raisons invoquées par les deux assureurs européens diffèrent. Le directeur général de Munich Re, Joachim Wenning, a déclaré dans un communiqué que la société se retirait en raison de préoccupations antitrust. “À notre avis, les opportunités de poursuivre des objectifs de décarbonation dans une approche collective parmi les assureurs du monde entier sans nous exposer à des risques antitrust importants sont limitées ; il nous semble plus efficace de poursuivre notre ambition climatique individuellement.”
Zurich a expliqué qu'”après avoir établi une méthodologie standardisée pour mesurer et divulguer les émissions de gaz à effet de serre associées aux portefeuilles de souscription d’assurance et de réassurance, nous voulons concentrer nos ressources pour accompagner nos clients dans leur transition”.
Les deux entreprises ont réaffirmé leurs engagements net zéro, précisant que le retrait de la NZIA n’affecterait pas leurs objectifs climatiques.
Net-Zero Insurance Alliance
Un changement de paradigme
La GFANZ a été en proie à de nombreux défis. En décembre dernier c’était Vanguard qui se retirait de l’alliance. En Septembre dernier, les principales banques de Wall Street avaient menacé de quitter la GFANZ en raison de risques juridiques. Morgan Stanley, JPMorgan et Bank of America font partie des banques qui envisagent une sortie car elles craignent d’être poursuivies en raison des engagements trop stricts de décarbonisation de l’alliance. Certains membres avaient déclaré qu’ils “se sentaient pris au dépourvu par les critères climatiques plus stricts de l’ONU et s’inquiètent des risques juridiques liés à la participation.” Les services juridiques des banques américaines sont particulièrement inquiets des règles de la Securities and Exchange Commission (SEC) concernant la divulgation des risques climatiques.
Ces départs et ces doutes questionnent grandement le rôle de la GFANZ comme celui d’autres alliances. Sont-elles désormais vouées à simplement aider et à fournir aux membres, des conseils pour atteindre les objectifs climatiques que les membres pourraient se fixer individuellement, plutôt que de servir de mécanisme d’engagement ? Les alliances jouent pourtant un rôle important pour les investisseurs en constituant un levier basé sur la renommée des membres qui renforce leur confiance. D’autre part, les alliances réduisent les asymétries d’information et de connaissances pour offrir plus de lisibilité et de transparence aux investisseurs.
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Article: Joana Foglia